
À l’heure où les événements récents ont étalé les limites de nos modes de consommation au grand jour, l’upcycling s’est imposé comme une solution pour construire une mode plus responsable et durable. Par essence, l’assemblée nationale se doit d’être toujours à la pointe de l’évolution de notre société, tout en étant la gardienne de nos institutions. Ce contexte met la boutique de l’Assemblée nationale face à un véritable dilemme. Dos au mur, elle a su prouver sa faculté d’adaptation avec son dernier projet. En effet, la chambre des députés a confié la confection des cabas upcyclés à la structure d’insertion professionnelle #2ndevie. Retour en arrière sur une opération eco-responsable au sein des plus hautes institutions de la République Française.

Rendez-vous incontournable des touristes en visite au Palais-Bourbon, la boutique de l’Assemblée nationale est la vitrine du savoir-faire à la française. Figurer parmi les quelques 200 objets proposés est gage de qualité et de finition. La nouvelle mouture de la boutique de l’Assemblée nationale a été créée en 2006 à l’initiative de l’ancien président de l’Assemblée, Jean-Louis Debré. Ce dernier décide alors de transformer le petit magasin qui commercialisait les textes parlementaires au retour d’une visite de la boutique du Congrès à Washington. Le concept, transférer la lugubre boutique des couloirs de l’Assemblée, à la rue Aristide-Briand, pour en faire un magasin de souvenirs aux armes de la République Française.

2022 oblige, la problématique de surconsommation s’est invitée dans le débat. Vendre des souvenirs brandés aux couleurs de la patrie est une belle initiative, mais cela ne suffit plus. Il faut prendre en compte les défis de notre temps et se positionner. En d’autres termes, s’inscrire dans une position de limitation de l’impact environnemental c’est encore mieux ! C’est sûrement la pensée qui a traversé l’esprit des législateurs lorsqu’ils ont levé la tête pour regarder la fresque de l’École d’Athènes qui orne les hauteurs du parlement français. En effet, cette très grande tapisserie en laine, soie et fils d’or, de 9 mètres sur 5, a retrouvé sa place au-dessus du président de séance après une restauration qui a duré 800 jours. Mais quel sort réserver à la splendide bâche de remplacement ? La solution sonnait comme une évidence, l’upcycling. Pour rappel, l’upcycling réside dans le fait de donner une nouvelle vie à des matériaux ou des produits ayant perdu leur utilité aux yeux de certains consommateurs. Surtout, l’upcycling permet de perpétuer une histoire à jamais unique des objets réssuscités.
C’est dans ce cadre que la structure d’insertion professionnelle H.A.W.A au féminin a été approchée par le biais du réseau Métamorphose. Sa fondatrice, Hawa Sangare, milite pour un accompagnement social et professionnel innovant grâce à une transformation profonde de l’approche de la réinsertion. Le but, aider les femmes en difficultés à atteindre l’autonomie grâce au tremplin d’insertion et d’upcycling #2ndeVIE.

C’est donc, au cœur d’un atelier dans les hauteurs du XVIIIe arrondissement de Paris, que Chloé, Fanta, Ruosu et Sating ont activé le mode doigts de fée. Après avoir fait l’inventaire de la bannière, nos équipes ont ajusté les patrons et procédé à quelques réglages techniques afin de transformer la magnifique bâche en 42 sacs upcyclés aussi uniques qu’artistiques pour la modique somme de 12 euros..
Pour ces femmes aux parcours tortueux, retrouver leur œuvre dans la boutique de ce symbole de la République française qu’est l’Assemblée nationale, est une preuve de reconnaissance inestimable.
Pour reprendre l’expression de notre journaliste maison, Lypéa Barret, “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”, à moins que cela soit une citation du célèbre érudit Lavoisier ?