
À l’ère où la fast fashion est omniprésente, les consommateurs font preuve d’une plus grande conscience sociale et environnementale dans leurs achats. En parallèle, les marques de mode éco-responsables sont en vogue.
Il existe plusieurs explications possibles à ce paradoxe de la consommation. La sensibilisation à la fast-fashion et à son impact sur l’environnement n’est pas totalement diffusé. Et malgré l’intérêt accru des consommateurs pour un mode de vie durable, la valeur d’un produit reste primordiale pour les acheteurs lorsqu’il s’agit de vêtements et de chaussures.
Voici quelques chiffres sur l’industrie de l’Upcycling mais également sur le gaspillage vestimentaire. Cet article permet de vous donner plus de vision sur notre mode de consommation actuelle de la mode.
L’Upcycling qu’est-ce que c’est ?
On peut définir l’upcycling comme la transformation de “vieux produits” en quelque chose d’utile ou de précieux. Ils obtiennent ainsi une seconde vie grâce à cette conversion en un “nouveau produit” plus qualitative. Contrairement au recyclage, on ne détruit rien, on reprend simplement le produit en lui-même et on le remodule, le transforme et lui donne de la fraîcheur pour former un produit tout neuf !

Ce concept en plein essor peut être appliqué non seulement à l’industrie de la mode mais également dans les secteurs en lien avec les déchets, les chaussures, les appareils électroniques, les bijoux et même les cosmétiques.
Les avantages de l’upcycling : à l’échelle environnementale et sociale
Avec le concept de l’upcycling, les déchets textiles sont limités mais sont surtout réutilisés donnant ainsi un impact écologique positif.
Ce concept de l’Upcycling commence à se répandre auprès des oreilles des Français : 23% des 18-34 ans ont déjà entendu parler de l’upcycling, contre 19% de l’ensemble des Français. 31% des jeunes Français ont déjà acheté un ou des produits issus de l’upcycling, contre 23% des Français dans leur ensemble ce qui est un chiffre plutôt positif mais qui reste à s’améliorer. L’upcycling dispose de nombreux avantages qui contribue à l’économie circulaire mais aussi à l’environnement.
1. Sauver les matériaux destinés à être jetée
De nos jours, de nombreux fabricants et designers réalisent de belles créations à partir d’articles jetés ou donnés. Plusieurs milliers d’articles qui étaient auparavant destinés à la décharge ont été sauvés grâce aux efforts de certaines marques de mode extrêmement ingénieuses lorsqu’il s’agit d’upcycler.
2. Minimiser l’utilisation des ressources naturelles
Saviez-vous qu’il faut 2 700 litres pour produire le coton nécessaire à la fabrication d’un seul t-shirt soit la consommation d’eau potable d’une personne pour deux ans et demi ? Le recyclage des ressources existantes signifie que nous n’avons pas besoin d’utiliser de nouvelles matières premières dans le processus de production. Upcyclez, recyclez et donnez une seconde vie à vos vêtements plutôt que d’en acheter des neufs sortis tout droit de l’usine.
3. Réduire simplement les déchets
Nous sommes tellement habitués à ce que les choses soient fabriquées en masse et en un clin d’œil que nous achetons des choses aussi vite que nous les jetons. L’upcycling permet de réduire les déchets textiles immenses chaque année.

4. Valoriser le travail artisanal et le savoir-faire des fabricants
Derrière chaque article de vêtement upcyclé ou recyclé se cache un créateur qui croit fermement en un niveau d’artisanat que l’on ne voit plus. Opter pour les produits upcyclés c’est aussi valoriser le travail des créateurs et ceux des fabricants du textile.
5. Soutenir l’industrie locale et rurale : encourager le Made in France
Un autre avantage social et économique de l’upcycling est qu’il soutient les petites entreprises locales ainsi que les industries des villages ruraux.
6. Réduire les coûts de fabrication
Si les concepteurs fabriquent des articles à partir de matériaux récupérés, cela peut réduire considérablement leurs coûts de fabrication.
Quelques chiffres sur l’ampleur du gaspillage vestimentaire
Sur la planète, des milliards de tonnes de vêtements sont produits chaque année, un processus de production incité par le phénomène de la fast fashion, dont les dégâts écologiques sont immenses.

L’impact environnemental de la mode actuelle en quelques chiffres
Le processus de production de l’industrie textile notamment celle de la fast fashion, est complexe et lourde. Il nécessite d’énormes quantités d’énergie, de nouvelles ressources, d’eau, de produits chimiques toxiques et polluants. Ce type de production est néfaste pour l’environnement et sa chaîne d’approvisionnement est souvent peu éthique.
Voici quelques chiffres pour les illustrer :
- Le textile est le 5ᵉ plus gros émetteur de gaz à effet de serre.
- L’empreinte carbone du secteur de la mode est estimée à 1,2 milliard de tonnes de CO2, et si nos tendances d’achats se poursuivent, cette part atteindra 26% en 2050.
- En Europe, 4 millions de tonnes de déchets vestimentaires sont jetés par an.
- Selon une étude de Greenpeace un Français achète en moyenne 10 kg de vêtements par an et en donne 3 kg.
- 80% de ces vêtements ne sont pas revalorisés et finissent par être jetés : soit entre 10 000 et 20 000 tonnes de textiles jetés chaque année en France, c’est l’équivalent de deux Tours Eiffel.
- 70% des vêtements qui constituent notre garde-robe ne sont pas portés.
- Chaque seconde, l’équivalent d’une benne de vêtements est jetée dans le monde. Un tiers seulement (36 %) des vêtements partent dans les bons bacs et peuvent ainsi être revalorisés.
- Selon l’ADEME, on estime que la production textile est responsable d’environ 20 % de la pollution mondiale des eaux propres à travers les produits de teinture et de finition.
- Le lavage des produits synthétiques rejette chaque année 0,5 million de tonnes de microfibres dans l’océan.
- Le blanchiment des vêtements synthétiques représente 35 % des microplastiques primaires rejetés dans l’environnement. Une seule lessive de vêtements en polyester peut rejeter 700 000 fibres microplastiques qui peuvent se retrouver dans la chaîne alimentaire.
L’impact sociétal de l’industrie de la mode : les droits humains et les conditions de travail
Une mode responsable c’est celle qui respecte les droits humains et les conditions de travail des fabricants. Or, ce n’est pas le cas des processus de production de la fast fashion. L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 est le symbole même des promesses non tenues par l’industrie textile.
- Environ 70% des vêtements vendus en France sont fabriqués en Asie du Sud-Est, là où la main-d’œuvre est attractive et surexploitée. Par exemple au Bangladesh, les ouvrières sont payées 0,32 dollars de l’heure ce qui représente le plus faible taux horaire au monde.
- 98% du coton cultivé en Inde est génétiquement modifié. Ce qui fait que dans les années 200, des milliers de cultivateurs indiens ont fait des emprunts pour se permettre d’acheter des semences OGM, engrais et pesticides, s’enfermant ainsi dans un cercle vicieux monstrueux. En 2006, dans la région de Vidarbha, des milliers de paysans endettés se sont suicidés en ingurgitant des pesticides.
- Bien qu’il ait aidé plusieurs millions de personnes à sortir de l’extrême pauvreté et que les femmes représentent 85 % de la main-d’œuvre mondiale du secteur, ces travailleurs ont rejoint les rangs des travailleurs les plus pauvres dans le monde entier.
- Environ 260 millions d’enfants travaillent dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail. Un grand nombre de ces enfants travaillent dans la chaîne d’approvisionnement de la mode, fabriquant les textiles et les vêtements qui répondent à la demande des consommateurs en Europe, aux États-Unis et ailleurs.
La fast fashion a engendré une course vers les coûts de production les plus bas possible, poussant les entreprises à trouver des sources de main-d’œuvre toujours moins chères.
Que fait l’Union Européenne face à ces chiffres ?
Face à ces chiffres, l’UE a pris des mesures : parmi elles, au 1er janvier 2025 au plus tard, les pays membres de l’UE devront collecter séparément les textiles pour permettre un recyclage de qualité et leur réemploi.
Côté créateurs de mode, on observe de plus en plus de prises de conscience et à la volonté de réduire l’impact de l’industrie textile sur l’environnement. À partir du 1er janvier 2022, les producteurs et distributeurs de produits de textiles auront l’interdiction de détruire leurs invendus, comme prévu dans la loi relative à la lutte contre le gaspillage vestimentaire, adoptée par le parlement en janvier 2020.
Depuis 2021, les produits textiles devront être donnés ou recyclés : cet engagement naît d’une volonté du groupe Emmaüs qui souhaite que ces invendus soient profitables aux associations, d’où l’origine même du concept de #2ndeVie. L’UE a également créé un écolabel qui peut figurer sur les produits respectant certains critères écologiques et éthiques. Il existe de nombreux autres labels de textiles éthiques auxquels vous devrez vous fier avant de faire un achat.
Si l’industrie de la mode a le pouvoir d’influencer les tendances, elle a aussi le pouvoir de jouer un rôle positif dans la protection de la planète. Vous aussi vous pouvez influencer les tendances de notre mode de consommation, en commençant à votre échelle par consommer responsablement.