La Modeet les Femmes
à voir
Marie Rose Astié de Valsayre
Madeleine Pelletier
Mary Quant
Annette Kellerman
Micheline Bernardini
piscine Molitor
De tout temps, le vêtement a été un objet servant à mettre en lumière la personnalité de la femme ou l’homme qui le portait. Que ce soit Ève et sa feuille de vigne ou la combinaison de Rosie la Riveteuse (aka Naomi Parker Fraley) ; ces pièces de tissus assemblées pour lesquelles le monde entier se rue ont pourtant une signification bien plus forte que le simple fait de vous vêtir.
Le Pantalon : “Une histoire politique du pantalon”
2013, le Ministère des Droits des femmes annonce que l’ordonnance du 16 brumaire an IX qui interdit aux femmes de s’habiller en hommes est implicitement abrogée. Pourquoi cette date ? Un petit retour vers le futur s’impose.
1793
Olympe de Gouges, l’auteur des Droits de la Femme, est guillotinée. Le 29 octobre les grands esprits de la Révolution Française adeptes de cette fameuse “liberté, égalité, fraternité” décident que cette devise doit être réservée exclusivement aux hommes. L’interdiction, héritée de la “Bible” et l'Ancien régime, de se travestir est maintenue avec une légère variante : la liberté du costume, mais dans le respect de la différence de sexe.
1886
Jeanne Dieulafoy reçoit sa légion d’honneur en pantalon. Cette archéologue qui aime le confort de sa combinaison quand elle est sur le terrain brave les interdits en ce jour qui célèbre son apport à la culture.
1887
Marie Rose Astié de Valsayre et la médecin Madeleine Pelletier vont tenter de faire abroger la fameuse ordonnance du 7 novembre 1800. Le pantalon devient alors un objet de rébellion. Les frondeuses, dont les plus célèbres George Sand, Colette, l’archéologue Jane Dieulafoy et Rosa Bonheur ne vont pas hésiter à porter ce fameux pantalon.
1920
Coco Chanel est à Deauville en pantalon de marin. Simple provocation ou juste envie de confort ? Coco Chanel propose dès ses premières collections le pantalon et la marinière afin de liberer la femme de cet oppressant corset jusqu’alors symbole de l’élégance féminine.
1954
Paris. Âgé de 18 ans, Yves Saint Laurent s’installe dans la capitale. Le jeune homme a pour objectif de mettre le pantalon parmi les “Must Have” des vestiaires féminins.
La femme travaillant de plus en plus dans l’industrie et les services, Yves Saint Laurent s’engage à les accompagner dans leur nouvelle réalité, en démocratisant l’usage du pantalon chez les femmes. Comme Coco Chanel avant lui, Yves Saint Laurent est convaincu qu’une femme active doit vêtir des vêtements pratiques et confortables. Il invente donc le premier smoking adapté à la morphologie de la femme : le tailleur.
1968
Suite à ce fameux mois de mai, le pantalon est enfin autorisé au sein de nos écoles et tribunaux français. 4 ans plus tard, il sera vendu dans l’hexagone jusqu’à 12 millions de pantalons pour femme.(source : INA)
Côté professionnel, certains milieux affichent un conservatisme vestimentaire digne de l’obscurantisme. Si à l’Assemblée certaines députées voient leurs accès refusé dans les années 70 ; Air France, la tête un peu dans les nuages, prend enfin connaissance de l’invention des pantalons en 2005. Contrainte jusqu’alors au port de la jupe, les hôtesses d’Air France obtiennent la liberté de porter le pantalon.
XXIe siècle
Le pantalon est désormais dans les mœurs. Si la Femme s’est battue au XIXe et XXe siècle pour la liberté de porter le pantalon, cette liberté qui lui est aujourd’hui acquise et banalisée, pousse les femmes vers la genèse d’un nouveau combat : celui en faveur d’une liberté de ne pas obligatoirement porter cet objet tant convoité qu’est le Pantalon. Le droit d’échanger ce pantalon pour une jupe, robe ou mini-jupe tout en étant respecté et en sécurité.
Le Bikini : “Et Dieu… créa la femme”
1913
Le premier maillot deux pièces fonctionnel est conçu par Carl Jantzen. Bien que 6 ans auparavant la nageuse australienne Annette Kellerman ait été arrêtée en 1907 parce qu'elle portait un maillot de bain deux-pièces.
1936
Bien avant le Burkini, cet été va devenir la scène d’un affrontement mode, politique et social.
Année des premiers congés payés en France, le maillot de bain attaque nos plages; et si il couvre bien plus que le maillot de bain actuel : le choc est au rendez-vous. Épaules, jambes, cuisses tout est dénudées : le corps de la femme se dévoile, se montre, la femme s’émancipe, et les boomers de l’époque s’indignent !
1946
l’ingénieur automobile Louis Réard, donne naissance au bikini. Un maillot de bain composé d’un soutien-gorge et d’une culotte.
Ces deux triangles reliés à une corde font scandale. La femme se dévoile comme jamais et le bikini est interdit dès 1949 sur les plages françaises, belges, espagnoles et italiennes.
1953
Si les années 50 aident à mettre le bikini sur le devant de la scène. Les pinups et stars américaines vont aider à populariser ce maillot de bain. Mais son plus grand soutien viendra de l’actrice française Brigitte Bardot. Aperçue dans un bikini fleuri rouge et blanc lors du Festival de Cannes 1953 ainsi que dans le film “Et Dieu… créa la femme”.
Le bikini a fait du chemin depuis sa création et sa première fois porté à la piscine Molitor par Micheline Bernardini.
La Mini Jupe “ Belles d'un soir”
Les années 60 marquent l’invention de la pilule contraceptive et la libération sexuelle des femmes. Années importante dans l’émancipation du corps féminin, le sol français voit débarquer dans ses rues une jupe découvrant bien plus que les mollets.
1964, Mary Quant, jeune styliste britannique, popularise une jupe qu’elle qualifie d'"arrogante, agressive et sexy”
: c’est la naissance de la mini-jupe.
À une époque où les femmes ne dévoilent pas leurs chevilles, la styliste casse les codes à grands coups de mollets et de cuisses du politiquement correct. Si Coco Chanel refuse de le faire, Mary Quant s’en donne à coeur joie et n’hésite pas, sur la demande de ses clientes, à rendre sa mini-jupe toujours plus courte.
Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Jane Fonda vont suivre cette nouvelle tendance et dévoiler leurs jambes au monde entier… "la mode, c’est pour les grands-mères !"
clame Brigitte Bardot. La mini-jupe devient un symbole de la jeunesse rebelle.
Et si Mary Quant est la mère de la mini-jupe, André Courrèges en est le père. Il assume son enfant en faisant défiler cette mini-jupe associée à de longues bottes pour sa collection printemps-été 1965.